Comment le Congrès va-t-il aborder le sujet de la sécurité routière et de la réduction des effets des catastrophes ?
C. JORDAN
Ces deux sujets sont très liés en effet, avec l'une des quatre séances d'orientation stratégique du Congrès intitulée "Gestion des risques : une nouvelle approche pour améliorer la sécurité".
Nous considérons également le vaste domaine de la sécurité routière comme l'un des enjeux les plus importants auxquels sont confrontés les administrations routières et les professionnels de la route. Sur les 20 Séances spéciales du Congrès, pas moins de cinq d'entre elles traitent des aspects de sécurité routière et de réduction des catastrophes.
Comme pour tous les thèmes étudiés par l'AIPCR, nous orientons notre travail dans des domaines qui ne sont pas entièrement couverts par d'autres organismes, ou dans ceux pour lesquels nos 111 pays membres pensent que nous pouvons leur apporter une réelle contribution. En matière de sécurité routière en particulier, nous mettons plus l'accent sur l'infrastructure, l'exploitation et les aspects institutionnels que sur les véhicules et le comportement des usagers.
Nous allons rendre compte des travaux réalisés par nos Comités techniques ces quatre dernières années. De plus, une séance spéciale sur les « Audits et inspections de sécurité » est programmée.
En matière de réduction des catastrophes, il y a une séance spéciale intitulée : « Catastrophes : pour les autorités routières, comment se préparer et faire face », et une autre sur la « Gestion de la sécurité routière dans les tunnels routiers ».
Au moment où les administrations routières des pays développés et en développement prennent de plus en plus conscience de leurs responsabilités à assurer la sécurité de la mobilité des usagers vulnérables, le programme comporte une séance spéciale « Mobilité pour les usagers vulnérables » et une autre sur les « Enjeux et politiques de sécurité routière dans les pays en développement ».
Je dois souligner que la coopération avec les pays en développement et les pays à économie de transition constitue un élément essentiel de la Mission de l'AIPCR. Les sujets intéressant particulièrement les pays en développement font partie intégrante du programme de travail de tous les Comités techniques. En outre, la séance spéciale sur les enjeux et politiques de sécurité routière que je viens d'évoquer, ainsi qu'une autre sur les enjeux de gestion routière sont destinées spécialement aux pays en développement.
D. ROUSSET
Passons maintenant au deuxième thème. Il s'agit bien entendu du réchauffement et du changement climatique, qui sont les sujets les plus fréquemment évoqués lorsqu'on parle de durabilité. Comment ce sujet sera-t-il traité au Congrès ?
C. JORDAN
Dans son sens le plus large, ce sujet est couvert par la séance d'orientation stratégique « Défis pour un développement durable du système de transport routier ».
Plus précisément, il y a deux aspects au changement et au réchauffement climatique, plaçant les administrations devant des difficultés et des choix.
Il s'agit tout d'abord de l'impact du changement climatique sur le réseau routier, et cela est lié à la réduction des catastrophes. Cet aspect sera traité par la séance spéciale "Vulnérabilité des réseaux routiers aux changements climatiques ».
L'autre aspect, c'est l'impact du transport routier sur le réchauffement climatique. La séance spéciale sur les « Avancées technologiques » s'intéressera aux questions d'énergie.
Les stratégies majeures en matière de réduction du réchauffement climatique recouvrent l'augmentation de l'efficacité de l'énergie, l'emploi de sources d'énergie moins génératrices de gaz à effet de serre, un marché de droits à polluer, ainsi que la réduction de la consommation d'énergie (réduction de la demande, réduction de la congestion, choix efficace du mode de transport).
Malgré l'importance qu'elle accorde maintenant au réchauffement et au changement climatique, l'AIPCR ne néglige pas les domaines plus connus, mais tout aussi importants, que sont la protection de l'environnement, la préservation du patrimoine et de la biodiversité. Ces sujets seront abordés lors des séances des Comités techniques liés à ces questions.
Je tiens également à souligner, comme je l'ai dit dans mon discours de bienvenue, que cette conférence n'a pas seulement pour but d'être une suite de présentations faites depuis la tribune des différentes salles. Son succès dépend pour une grande part de la participation active de tous congressistes. Les progrès que notre Association enregistrera seront étroitement liés à la contribution des congressistes.
D. ROUSSET
Vous venez d'évoquer la réduction de la congestion et le choix du mode de transport. Il s'agit du troisième thème retenu par l'AIPCR. Quelles sont vos actions dans ces domaines ?
C. JORDAN
La réduction de la congestion routière est un élément essentiel du transport durable, et c'est pour cette raison que « La gestion de la congestion » est le thème d'une des séances spéciales du Congrès.
Le choix approprié du mode de transport, ainsi que le transport multimodal, constitue bien entendu une manière de réduire la congestion, et d'améliorer ainsi la mobilité des personnes et l'efficacité du transport de marchandises. Il n'est toutefois pas facile de réaliser un transport multimodal efficace, et l'AIPCR apporte une tribune d'échange de connaissances sur les meilleures pratiques et l'exploration de nouvelles idées en la matière. En particulier, une séance spéciale sera consacrée à « l'Intermodalité urbaine », et une autre au « Transport combiné pour les marchandises ».
Par ailleurs, l'une des quatre séances d'orientation stratégique portera sur un sujet lié, à savoir « Transport durable et mondialisation : les routes maillon de la chaîne des transports ».
D. ROUSSET
Passons maintenant au 4e thème, je veux parler de l'innovation et de la technologie. Dans quelle mesure les systèmes de transport intelligents (STI) peuvent-ils contribuer à un transport intermodal plus efficace ?
COLIN JORDAN
Les STI sont essentiels non seulement pour le transport intermodal, mais aussi pour tous les aspects de l'exploitation des réseaux, la sécurité routière et la réduction des catastrophes, la réduction des émissions de gaz à effet de serre, les économies d'énergie, la tarification des usagers, etc.Cela dit, il existe par ailleurs des organisations spécialisées dans le domaine des STI. Par conséquent, les travaux de l'AIPCR dans ce domaine ont pour objectif d'apporter un complément aux études en cours, et non pas de les dupliquer.
L'AIPCR s'occupe davantage du déploiement de la technologie dans tous les domaines dont nous avons parlé, dans le but de définir les meilleures pratiques et les innovations. Cette préoccupation se retrouvera dans tous les sujets présentés et discutés lors du Congrès.
Cela dit, et comme je l'ai déjà mentionné, il y a une séance spéciale sur les avancées technologiques, dont la moitié sera consacrée aux problèmes liés à l'énergie, et l'autre moitié à la sécurité routière et à l'exploitation. Une autre séance s'intéressera à la manière dont la recherche transnationale est structurée, au soutien du secteur public à l'innovation, et à la levée des obstacles à l'évaluation et à la diffusion de l'innovation. Il s'agit là d'une étape préalable importante au déploiement de la technologie.
D. ROUSSET
Les sujets que vous avez évoqués jusqu'ici montrent que l'AIPCR a élargi son champ d'activité vers des domaines éloignés de ceux des chaussées et des ponts. Tout à l'heure, vous avez parlé de la tarification des usagers. Est-ce que cela signifie que vous vous intéressez à des sujets liés au financement et aux investissements routiers ?
C. JORDAN
Absolument.
Néanmoins, je dois dire que les domaines traditionnels des chaussées et des ponts restent solidement inscrits au programme d'études de l'AIPCR, comme le témoignent les séances des Comités techniques prévues au programme du Congrès, qui rendront compte du travail considérable accompli ces dernières années. L'orientation de leurs études a quelque peu changé, l'accent étant placé maintenant sur la gestion du patrimoine d'infrastructures routières. En fait, la quatrième séance d'orientation stratégique porte sur le sujet très intéressant de l'intégration des meilleures pratiques techniques et de gestion au service de l'exercice des responsabilités politiques dans le domaine des actifs routiers.
Pour revenir au financement et aux investissements, des Comités techniques de l'AIPCR rendront compte, lors de ce congrès, des aspects économiques et du financement des investissements dans les réseaux routiers. Il y aura également une séance spéciale intitulée Financement des investissements routiers par des contrats de longue durée.
Plus particulièrement, la séance des ministres de cet après-midi portera sur les potentialités et les limites du principe utilisateur-payeur, et présentera une palette d'outils, qui pour certains ont déjà été expérimentés, avec plus ou moins de succès selon les cas, alors que d'autres sont au stade d'étude et de planification.
D. ROUSSET
Une dernière question, et ce sera notre sixième et dernier thème, je veux parler de la bonne gouvernance. Comme nous le savons tous, ces dernières années, on a assisté à une prise de conscience sur les enjeux de gouvernance de la part de nombreux pays (ainsi que de la part d'organisations internationales de financement et de coopération). En quoi l'AIPCR peut-elle contribuer dans ce domaine ?
C. JORDAN
L'AIPCR n'a pas pour but de faire la police. Dans ce domaine, comme dans tous les autres domaines, l'AIPCR fait ce qu'elle sait faire de mieux, à savoir, échanger les connaissances et les expériences, définir et diffuser les meilleures pratiques, repousser les obstacles grâce à la discussion et à la coopération, et fournir les meilleurs réseaux de contacts internationaux pour aider les professionnels et les administrateurs.
L'AIPCR a échangé des connaissances depuis plus de huit années sur la performance des administrations routières, et sur la manière de l'évaluer.Les enjeux de gouvernance, à savoir la responsabilité, l'intégrité et la corruption, ainsi que les différentes structures administratives, ont figuré au programme de travail ces quatre dernières années. Toutes ces questions seront abordées au Congrès, lors des séances des Comités techniques ou des séances spéciales.
Enfin, il y aura une séance spéciale : « Comment répondre aux enjeux de ressources humaines dans le secteur routier ». Si nous voulons répondre aux défis posés par tous les enjeux que nous venons d'évoquer, si nous voulons faire les bons choix en matière de développement durable, les administrations routières et leurs partenaires du secteur privé auront besoin de collaborateurs dotés de nouvelles compétences, de compétences de plus haut niveau, et bien souvent très différentes de celles dont elles avaient besoin par le passé. Cela constitue probablement le plus grand défi des années à venir.