Synthèse et conclusion

Mário Lino Soares Correia, Ministre des travaux publics, des transports et des communications, Portugal et Président en exercice du Conseil des Transports de l'Union européenne

Mário Lino Soares Correia

Mário Lino Soares Correia

Monsieur Jean-Louis Borloo, Ministre d'État, Ministre de l'Écologie, du Développement et de l'Aménagement durables ;

Messieurs les Ministres et Secrétaires d'État ;

Messieurs les Ambassadeurs ;

Monsieur Colin Jordan, Président de l'Association Mondiale de la Route (AIPCR) ;

Messieurs les Congressistes ;

Organes des Médias présents ;

Mesdames et Messieurs,

C'est avec un grand plaisir que je m'associe à cet événement unique - le 23e Congrès Mondial de la Route organisé par l'AIPCR/PIARC qui marque simultanément son centenaire.

Comme tout le monde le sait, l'Association Mondiale de la Route a été créée suite au 1e Congrès International réalisé à Paris en 1908. Il faut dire qu'à l'époque un des principaux thèmes du débat, constituant une des préoccupations pour les congressistes, était la poussière provoquée par la circulation routière.

J'aimerais souligner aussi l'engagement du Portugal dans le débat des thèmes liés à la route et au transport routier, ainsi que sa participation active à l'Association Mondiale de la Route.

Je rappelle d'ailleurs que le 9e Congrès organisé par cette Association (à l'époque Association Internationale Permanente des Congrès de la Route) s'est déroulé à Lisbonne, en septembre 1951.

Ce 23e Congrès, et les participants issus des 113 pays membres de l'Association Mondiale de la Route qui viennent de tous les points du monde pour présenter le travail effectué, débattre des idées et des aspects de l'innovation, ont fait face à un énorme défi exprimé par le thème central du Congrès: L'option d'un développement durable.

En effet il s'agit d'un thème dont l'importance est croissante, d'un choix que nous faisons tous - de forme positive ou négative. Ce qui est le plus compliqué et qui devra mériter plus d'attention et de réflexion de notre part sont les conséquences de ce choix. Non seulement ces conséquences ne se terminent pas avec nous, comme il est clair qu'elles affecteront de forme croissante les générations futures.

Pour cette raison, au Portugal, nous avons travaillé de forme consistante pour introduire le principe de l'utilisateur - payeur.

Ainsi, la plupart de nos autoroutes sont payantes, en faisant appel aux standards technologiques les plus performants. Portugal a été un des premiers pays à avoir introduit, en 1991, le système électronique de paiement des péages.

Aujourd'hui, nous sommes le pays qui a le plus grand taux de paiements électroniques, dans un contexte non obligatoire : 62% des transactions sont faites par ce moyen et environ 50% de notre parc automobile est équipé d'un identificateur électronique.

Nous sommes en train de terminer le modèle de gestion et de financement du secteur, notamment par l'attribution de la concession du système routier à une entreprise qui fait payer ses services de construction, de conservation et d'entretien des routes au moyen de la perception d'une taxe - Contribution au Service Routier - associée à la consommation de combustible.

La rémunération concernant ce contrat dépend, aussi, des routes disponibles, de la qualité du service, de la sinistralité et des externalités environnementales.

En tant que Président en exercice du Conseil des Ministres des Transports de l'Union Européenne, je dois dire que beaucoup des thèmes à traiter au cours de ce Congrès répondent aux préoccupations et aux travaux développés dans le cadre de l'UE. Il est gratifiant de vérifier l'existence d'efforts de différents secteurs, en particulier des efforts d'experts renommés dans différents domaines, orientés vers la réalisation d'objectifs communs.

Également en tant que Président en exercice du Forum International des Transports (ex: Conférence Européenne des Ministres des Transports, CEMT), je dois souligner la conjugaison d'efforts existant pour réfléchir, affronter et résoudre les grands problèmes auxquels nous faisons face au niveau de la route et des transports routiers.

En effet, un des objectifs du Forum étant " d'attirer l'attention vers le rôle essentiel du transport dans l'économie et la société", nous étudions et suivons plusieurs thèmes liés à l'accessibilité, à l'environnement, aux infrastructures, à l'intermodalité, à la sécurité routière, à la tarification et aux politiques de transport durable, entre autres.

Bien que cela soit connu, il faut toujour mentionner le travail développé par la CEMT depuis 1953, pour l'harmonisation des politiques de transports routiers et sa contribution à la construction d'une politique routière commune, à l'échelle européenne.

Lors de la séance de Dublin de mai 2006, le Conseil des Ministres a décidé de promouvoir une réforme de la CEMT et de créer un Forum International des Transports, définissant un élargissement de nature géographique (échelle mondiale et non plus uniquement européenne), modale (tous les modes de transport et non pas uniquement les modes terrestres) et d'intervention (représentants des gouvernements, de l'industrie, de la recherche et de la société civile et non pas, exclusivement, des représentants gouvernementaux).

Toutefois, dans ce nouveau format de réflexion et de recherche, les préoccupations avec les défis les plus urgents du secteur des transports persistent et s'accumulent.

Une preuve évidente est le thème de l'une des récentes réunions du Conseil des Ministres: "Comment réduire la congestion dans les transports" (Sofia, juin 2007), thème par ailleurs partagé par la CEMT et par l'Association Mondiale de la Route, lors de l'une des séances spéciales organisées conjointement, au cours de ce Congrès.

Il s'agit certainement d'un thème parfaitement actuel et commun à beaucoup de pays qui, tous, s'efforcent de le résoudre.

La séance des Ministres de ce 23e Congrès Mondial de la Route et les thèmes choisis, sont aussi un défi pour les gouvernants, pour la communauté routière et pour la société.

En effet, il ne s'agit pas uniquement d'aborder la tarification de forme générique, sous une perspective d'utilisateur/payeur, mais de aprrofondir ses potentialités et ses limites.

Lors de son discours de bienvenue, monsieur le Ministre Jean Louis Borloo a souligné l'importance de la complémentarité entre les modes de transport. Il a également souligné le besoin de repenser la route de forme différente, comme outil stratégique en faveur du développement durable.
Le débat dans le cadre de la première table ronde a souligné le fait que la tarification pourrait contribuer, de forme significative, aux objectifs environnementaux, par le biais d'un système fiscal adéquat ou de l'application de péages.

Le recours aux péages urbains a également été souligné comme méthode efficace de réduction de la congestion de la circulation et de la pollution environnementale.

La deuxième table ronde a indiqué que la tarification routière est confrontée à un problème d'acceptation économique et sociale dans tous nos pays. Mais, on sait que dans certaines parties du monde, la tarification a un impact significatif en termes d'équité et de lutte contre la pauvreté.

Le débat a démontré qu'une meilleure acceptation de la tarification est possible lorsque les utilisateurs et les opérateurs économiques participent à la prise de décision, et lorsqu'il y a une divulgation d'information transparente sur les objectifs à atteindre.

La troisième table ronde a permis de constater que les expériences concrètes d'application extensive du système de tarification peuvent produire des résultats appréciables; d'autres pays ont manifesté une attitude plus réservée sur les avantages d'une tarification généralisée, notamment en raison des conséquences néfastes que cette mesure peut provoquer sur le tissu économique et social.

Cette thématique, elle a certainement une importance exceptionnelle vis-à-vis de l'évolution croissante de la circulation routière, de la nécessité d'une réponse rapide aux besoins et aux exigences urgentes, des budgets insuffisants, de l'intervention d'acteurs qualifiés voulant participer de forme active au processus de décision.

Toutefois, ce qui rend ce défi et cette réflexion plus attrayants c'est le besoin de trouver des réponses adéquates, qui dépassent la perspective exclusive des besoins de financement ou de régulation du trafic.

Ce qui nous est demandé - et nous pourrons être tenus pour responsables de ces réponses par les générations à venir - c'est de trouver des chemins pour que la tarification soit utilisée comme instrument des politiques de défense de l'environnement et, qu'elle puisse être appliquée de telle façon qu'elle soit comprise et acceptée en termes sociaux et économiques par les citoyens.

J'espère que les pays émergeants et en voie de développement pourront, dans la mesure du possible, intégrer ces préoccupations dans leurs politiques de transport.

Le grand défi relevé par l'Association Mondiale de la Route et auquel elle nous invite tous à participer, est celui d'une réflexion ayant par objectif la recherche de chemins à parcourir dans le futur.

Merci.

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